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Editorial

Naguère inavouées et inavouables, les écoutes téléphoniques se sont banalisées dans notre pays pendant la décennie Aziz. A tel point qu’elles sont devenues presque normales. Et, en l’absence de débat d’idées sur la scène politiques, nos citoyens, de tous les niveaux, souvent inconsciemment, se délectent à se passer les enregistrements, réalisés frauduleusement, sur les réseaux sociaux et sur l’application WhatsApp. ...Lire la suite

Campagne agricole : l’irrigué dans la tourmente Imprimer Envoyer
Mardi, 13 Octobre 2009 23:05

A l’orée du démarrage de la campagne de l’irrigué pour l’année 2009- 2010, le   niveau d’engagements des agriculteurs vis-à-vis de l’Union Nationale des Coopératives Agricoles de Crédit de  Mauritanie (UNCACEM)  est estimé  à  douze milliards d’ouguiyas
Un gap que les nouvelles autorités sont décidées à ne pas combler en renflouant les finances de l’institution, en ces temps de crise et de vaches maigres. D’où l’envoi de près de huit cents mises en demeure aux débiteurs, exigeant le règlement de toutes les dettes.

Une action entreprise  au cours des derniers jours.
Dans l’analyse de cette situation, qui  fait  planer une sérieuse menace sur la campagne de la filière riz, les autorités et les acteurs du secteur fournissent des arguments opposés pour défendre leurs positions respectives.
En fait, pour le nouveau pouvoir, la lourde ardoise résultant des engagés cumulés sur plusieurs années est à mettre au compte de la gabegie générale et de la mauvaise gestion qui a toujours caractérisé la gouvernance économique en Mauritanie. D’où l’option ferme de faire payer intégralement les montant dus, perçus comme les résultats d’une gestion délibérément laxiste, dont le seul objectif était d’enrichir quelques individus, au détriment de l’Etat et de la collectivité nationale. Du côté des opérateurs de la filière, le son de cloche est radicalement différent, et les explications fournies font principalement référence aux aléas climatiques, au caractère sensible du secteur agricole, et au déficit de souplesse et d’ouverture des pouvoirs publics dans la gestion du dossier.
Ce tableau pousse aujourd’hui les observateurs à se poser la question de savoir jusqu’où la détermination pourrait pousser les uns et les autres. La création de l’U NCACEM est le résultat d’une politique volontariste visant à accompagner les bouleversements dans la vallée avec notamment l’achèvement et la  mise en œuvre  des ouvrages de l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS), un outil d’intégration  sous régional pour une exploitation commune des ressources en eau d’un bassin commun à quatre Etats : Guinée, Mali, Mauritanie et Sénégal.
Banque Agricole
La création de l’U NCACEM, vers la fin des années 1980, a été rendue possible grâce à un financement de l’état mauritanien et un certain nombre de partenaires au développement soutenant la politique de développement agricole du gouvernement.
L’institution regroupe toutes les coopératives agricoles du haut fleuve (Gorgol et Brakna) et celles du bas fleuve (région du Trarza). L’Etat est impliqué et propose  le directeur. Plus qu’une simple proposition,  son choix a  toujours été entériné par le Conseil d’Administration (CA).
Sur la base d’un capital initial fourni par la Mauritanie et les bailleurs, la mission du nouveau crédit est de financer le  développement de l’agriculture irrigué, et de générer des bénéfices qui réinvesties, constitueront de nouvelles ressources devant permettre un autofinancement continue de la filière. L’objectif ultime étant, à long terme,  la création d’une véritable banque agricole.
Un beau montage, mais purement théorique, qui a pris de sérieuses rides une fois confrontée à la réalité du terrain. Les premiers pas du secteur de l’irrigué en Mauritanie sont marqués par une véritable anarchie. Des pratiques peu orthodoxes ont très rapidement plombé tout espoir d’un véritable décollage pour une  filière aux potentialités pourtant énormes, selon de nombreux spécialistes.
Résultat des courses : une agriculture en coma profond, et  maintenue sous perfusion pendant plusieurs années.
Sur l’explication de cette  situation, les avis sont divergents, selon qu’on écoute le point de vue des nouvelles autorités ou celui des professionnels de la filière.
Pour le pouvoir actuel, et pour une bonne frange de l’opinion nationale, la filière de l’irrigué est malade de la dilapidation inconsidérée des ressources. D’où la nécessité d’une détermination sans faille à exiger le remboursement intégral d’un ensemble de casseroles dont la somme donne un montant astronomique. Telle est la position qui est défendue par le ministère du Développement rural dans une réponse laconique à un courrier d’initiée par les acteurs du secteur.
Fermeté ou vision ouverte
Les « agriculteurs » débiteurs, quant à eux, invitent les autorités à une vision plus large, de nature, disent-ils, à permettre une réelle rupture avec les clichés accolés à la gestion de la filière. Les opérateurs de la filière mettent en avant les débuts prometteurs du secteur. Un élan stoppé net par les aléas climatiques, avec notamment les intempéries des années 1999 et 2000, dont les effets collatéraux se font encore ressentir dans l’activité, dix ans plus tard.
Les agriculteurs rappellent l’embellie sous le gouvernement de Zeine Ould Zeidane, avec la demande faite aux banques de financer l’agriculture pour permettre de faire face à la crise alimentaire mondiale. Une option qui a permis l’aménagement de 25.000 nouveaux hectares et la création d’une nouvelle entreprise publique.
Ils rappellent par ailleurs aux autorités et à l’opinion que la filière agricole n’a pas pour vocation originelle de faire des bénéfices financiers (elle est mêmes subventionnée aux USA et en Europe) mais de contribuer à l’équilibre économique et social du pays, dans de  nombreuses dimensions (emplois, sécurité alimentaire….).
En réalité les professionnels de l’irrigué ne demandent pas un effacement pur et simple de leurs dettes : mais une formule consensuelle permettant un règlement sans douleur. Un protocole qui permettrait par exemple d’éponger tous les intérêts, qui représentent 40% du montant global.
De l’issue de ce bras de fer, dépend la survie d’un secteur stratégique pour un pays traînant un déficit céréalier chronique depuis plusieurs décennies.

Cheikh Sidya.

 
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