Nouakchott, le 15-10-2009, RMI-Biladi - La Somelec qui a lancé depuis le premier octobre une consultation pour l’acquisition d’une puissance de 30 à 40 MW, vient de déclarer les offres infructueuses pour non-conformité avec le DAO qui fixe un délai de 6 mois. La société a toutefois retenu l’appel d’offre restreinte en revoyant ses ambitions à la baisse Conséquence de la saison chaude, marquée par une quasi-absence du courant électrique à Nouakchott, la Société mauritanienne d’électricité (Somelec) qui accuse un déficit sévère en production d’électricité, vient après maintes tergiversations et hésitation, de réagir pour parer à ce déficit énergétique dont souffre Nouakchott où se concentre l’essentiel des activités économiques.
Sous l’impulsion des pouvoir publics, au plus haut niveau, la société d’Etat qui détient le monopole de la production et de la commercialisation du courant électrique dans les principales villes du pays, a lancé, 1er octobre 2009, une consultation pour l’acquisition d’une puissance de 30 à 40 mégawatts, afin de résorber partiellement, son déficit en énergie. Cette consultation précise que "le gouvernement envisage l’acquisition en urgence, par le biais de la Société mauritanienne d’électricité (Somelec), de groupes containérisés et / ou rapidement mobilisables fonctionnant au HFO pour une puissance de 30 à 40 MW". "Le financement de cette opération, est assuré par l’Etat mauritanien et / ou par un bailleur de fonds extérieur", indique le document, qui précise, par ailleurs que "le délai imparti pour la mise en service de la centrale, ne doit pas excéder les 6 mois". La remise des offres était fixée au lundi 12 octobre 2009 12 heures TU, délai de rigueur. Peu de sociétés étrangères se manifestent ou montrent leur intérêt pour réaliser le projet dont l’enveloppe financière est estimée à 15 milliards d’ouguiyas (40 millions de dollars). Parmi les sociétés intéressées figure une société espagnole, Global Tech, qui est plutôt une entreprise de commerce non spécialisée dans le domaine énergétique. Une autre société, Wärtsilä, est une entreprise publique finlandaise spécialisée dans la fabrication industrielle de générateurs électriques et de moteurs de bateaux. Aucun des poids lourds de la filière, comme le géant américain Caterpillar, ne s’est déclaré intéressé. Cet appel d’offre a été déclaré infructueux, hier 14 octobre. Il faut dire qu’il n’y a eu aucune manifestation d’intérêt à part l’intermédiaire espagnole Global Tech qui avait basé son offre sur des groupes de type Mann, propriété d’une société anglaise EMPower, mais celui-ci s’était rétracté en proposant un délai de 11 mois, et du coup, Global Tech a été éliminé de la course. Pour ce qui est du deuxième offrant Wärtsilä, il avait fait savoir qu’il ne pouvait honorer ses engagements que dans 22 mois. Ce qui est très loin du délai d’exécution de six mois prévu par le dossier d’appel d’offres de la consultation. Urgence et précipitation La Somelec a décidé de maintenir l’appel d’offres, mais avec des spécifications plus raisonnables. Les exigences ont été largement revues à la baisse. Au lieu des 30 à 40 MW, trop onéreux, on est revenu à 7 groupes de 1,5 KVA chacun, ce qui réduit sensiblement le montant des acquisitions. la formule de l’appel d’offre simplifiée a été maintenue, et les sociétés EMPower et Wärtsilä sont les seules retenues. Quand la Somelec a fait sa commande, elle n’a pris en compte que le critère d’urgence, indiscutable en elle même, insuffisante à elle seule. Elle avait négligé les formes et les procédures, et surtout les spécifications techniques des besoins exprimés. Cela apparaît dans les délais très courts (10 jours) ne permettant pas de préparer une offre sérieuse et bien ficelée. Le coût des besoins exprimés était exorbitant. 40 millions d’euros, est un montant difficile à mobiliser en fin d’année budgétaire, pour un pays qui sort d’une crise politique, et sous embargo depuis un an. L’ambiguïté de l’offre faisant également problème, car aucun besoin n’était spécifié comme justification de l’opération. De nombreux techniciens de l’entreprise publique jugeaient la consultation irréalisable. La précipitation avec laquelle elle était conduite, quoique compréhensible et justifiée, ne pouvant excuser le manque de rigueur dont on avait fait preuve. Il faut dire que le rétablissement progressif, et presque continu, de l’électricité à Nouakchott a contribué à alléger les pressions sur les décideurs, ce qui a contribué au retour à la raison. Le problème de l’approvisionnement du pays, particulièrement de Nouakchott, est devenu récurent et de notoriété publique. La Somelec accuse un déficit de production de 20 MW. Le réseau est vétuste. La surexploitation des groupes et la multiplication des niches entraînent une surcharge qui provoque des dégâts sur les principaux câbles et relais de transformation, engendrant des coupures fréquentes, partielles ou totales. Pour parer au plus pressé, l’Etat mauritanien a pu mobiliser un financement de deux millions d’euros auprès d’un partenaire étranger. Cette manne inattendue a été utilisée pour la location pour 6 mois de 10MKW auprès d’un fournisseur international. Les groupes commenceront à produire de l’électricité à partir de demain (vendredi 16 octobre). Au mois d’avril 2010 (date d’expiration de cette location), la Somelec aura déjà acquis et mis en place une puissance de égale de 10 mégas, qu’elle avait contracté auparavant auprès d’un fournisseur étranger. Les défis de la Somelec Pour le moyen et le long terme, la société a des projets dans le frigo. La mise en place d’une centrale à Nouakchott, d’une puissance de 20 à 30 MW, dont le financement Fades-BID est déjà acquis. Le projet de la grande centrale de Nouakchott, prévue dans le cadre du plan de développement du secteur de l’énergie, et qui est programmée en plusieurs phases, pour atteindre une puissance maximale de 180 MW. Enfin le projet de la centrale de Pétronas, dont les turbines tourneront au gaz, et qui a été annoncé par Ould Abdel Aziz lors de sa campagne électorale. Aucune date n’a à ce jour été arrêtée pour le démarrage des travaux de ce gigantesque projet qui devrait démarrer avec une capacité initiale de 350 MW, pour aboutir à une puissance maximale de 700 MW, et qui a pour vocation d’alimenter la Mauritanie, ainsi que les pays de la sous région, en électricité. Sous le règne du HCE (après le putsch du 6 août), le gouvernement du général Mohamed Ould Abdel Aziz, avait conclu avec les Malaisiens de Petronas, de construire une centrale fonctionnant au gaz naturel, extrait des gisements de l’offshore mauritanien. Des points d’interrogation demeurent cependant. La consultation ne précise pas de manière claire d’où proviendra le financement : l’Etat mauritanien où un bailleur de fonds extérieur ? Dans les conditions normales, aucune entreprise au monde ne voudra livrer ses équipements clés en main, sans savoir au préalable qui sera le payeur. D’autre part, il est très difficile de trouver un bailleur de fonds qui accompagne une requête de financement faite dans l’urgence. La plupart des bailleurs de fonds ont leurs procédures, souvent assez longues. D’où la légitimité de la question de savoir qui seront les bailleurs de fonds d’un futur projet électrique mauritanien ? Il convient de rappeler, que lorsque le problème s’était posé, sous l’ancien président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le Fades et la BID avaient donné leur accord pour financer une centrale à Nouakchott. Mais depuis, beaucoup de changements sont intervenus, et on ignore si les bailleurs de fonds maintiennent les mêmes dispositions. Toutefois, d’après des récentes déclarations du ministre des Affaires économiques et du Développement, le Fades et la BID sont disposés à financer une acquisition de groupes électriques. Financeront-ils cette acquisition de groupes, au lieu du financement d’une centrale à Nouakchott comme c’était prévu au départ, ou les deux à la fois ? A n’en pas douter, le dossier énergétique de la Mauritanie fait partie des questions qui troublent le plus le sommeil des pouvoirs publics.
Mohameden Ould Meyne |